Quelles stratégies emploient les animaux pour augmenter le taux de survie de leur progéniture ? Sont-ils capables d’adapter leur comportement en fonction des ressources disponibles ? Selon les modèles théoriques de la biologie évolutive, les parents favorisent les petits en moins bonne santé quand les conditions sont favorables mais les délaissent si l’environnement se dégrade.
Une équipe européenne dirigée par Philipp Heeb, chercheur du laboratoire "Evolution et diversité biologique" (CNRS – Université Paul Sabatier Toulouse 3), vient de valider cette théorie sur deux espèces d'oiseaux migrateurs, le martinet alpin et l'Etourneau Sansonnet. Ces oiseaux ont servi de modèles car leurs rejetons présentent une caractéristique particulière permettant aux scientifiques de jauger leur état de santé : leur peau reflète plus ou moins bien les ultraviolets en fonction de leur index de condition corporelle.
Les chercheurs ont donc observé l’attitude des parents dans des environnements plus ou moins riches en nourriture et ont artificiellement modifié la réflexion UV des petits. Le résultat a été probant. Les plus fragiles de la nichée ont été alimenté préférentiellement quand les ressources abondaient, en revanche dès que la nourriture venait à manquer ce sont les oisillons les plus vigoureux qui sont privilégiés.
En pratique, le favoritisme parental envers les jeunes réfléchissant le plus dans les UV augmente au fur et à mesure que la saison progresse. C'est la première fois qu'un tel favoritisme, dit flexible, est mis en évidence expérimentalement. Ces résultats montrent que la sélection naturelle peut favoriser l'évolution de comportements de favoritisme flexibles qui maximisent la reproduction parentale au détriment de la survie de certains oisillons dans la nichée.
J.I.
02/08/06