Alors la manière dont ça marche :
On place l'objet sur la table du scanner (scanner médical utilisé dans les hôpitaux pour l'examen des patients). Une source de rayons X tourne autour de l'objet en un mouvement spirale. Les RX sont absorbés et réfractés différemment selon différents matériaux. Cela donne des mesures de densités qui sont analysées par ordi et mène à la reconstitution de l'objet en 3D. En fait cela te donne une série de clichés de toutes les "coupes" (virtuelles évidemment) que le scanner a faites dans ton objet.
Les métaux réfractent puissamment les RX et donnent des artefacts (traits sur l'image qui gênent plus ou moins l'examen de l'objet).
Dans le cas où ton fossile contient ou est inclus dans des sédiments carbonatés, le contraste entre les sédiments et l'os sera faible et tu auras du mal à voir la limite entre la paroi osseuse et le sédiment. (idem si il y a du silicone
: j'ai scanné un crâne de Crocodylus porosus (crocodile marin) dont on avait essayé de mouler l'endocrâne, seulement on n'était pas arrivé à sortir le moulage après. La silicone étant très dense, elle absorbe bien les RX et le contraste n'était pas génial. Je suis quand même arrivée à faire une reconstitution de l'endocrâne du croco, mais ça complique un peu les choses
).
On n'a pas ce problème avec les sédiments siliciclastiques car ils sont transparents aux RX et donc ne "laissent pas de traces" sur l'image.
Les données (série de clichés donc) sont enregistrées sur CD et peuvent être traitées par des programmes comme AMIRA, MIMICS ou ARTECORE.
Ces programmes permettent de reconstruire ton objet en 3D à partir des images fournies par le scanner et à partir de là tu peux sélectionner certaines zones (par exemple isoler les dents puisque l'émail est plus dense que l'os environnant et ne faire ressortir que ces éléments-là). Moi je travaille sur l'endocrâne, donc je sélectionne sur chaque cliché la zone de l'endocrâne, et à la fin je peux reconstituer toute cette zone-là et donc faire ressortir le volume endocrânien. On peut faire des mesures là dessus (distance entre 2 points, etc.).
L'avantage des scanners c'est que tu obtiens des données pour des zones non accessibles et ce de manière non destructive pour le spécimen. Mais ça coûte cher (250 euros par heure d'utilisation du scan) et demande un certain budget.
Pour le résultat, je te conseille le site
http://www.digimorph.org/index.phtml(je ne mets pas mon boulot, je deviens parano à cause des mes collègues russes
; sans blague j'ai pris la solution de facilité en réalité). Ils ont scanné de nombreux spécimens de plantes (même un ananas, c'est marrant à voir
) et d'animaux actuels et fossiles (dinos, ptéros,...).
Il y a moyen de visualiser de petits films qui montrent les différentes coupes et les reconstitutions pour la plupart des spécimens proposés. C'est un peu lourd à charger mais tu verras bien quel genre d'images on obtient après scan et après traitement.
N'hésite pas à demander s'il y a des trucs pas clairs ou si tu veux des précisions supplémentaires.