Plusieurs milliers d’années après l’arrivée des hommes modernes en Europe, des Néandertaliens survivaient toujours en Europe, selon une étude publiée aujourd’hui par la revue Nature qui plaide en faveur d’une longue période de coexistence entre les deux populations. L’équipe de Clive Finlayson, du Musée de Gibraltar, a découvert dans la grotte de Gorham, sur le rocher britannique, des outils de pierre moustériens, ainsi nommés d’après la grotte du Moustier en France et associés à la présence de l’homme de Neandertal. Or ces outils seraient vieux de seulement 28.000 ans, selon Finlayson, peut-être même de 24.500 ans.
Confinés dans quelques poches isolées au bord de la Méditerranée, confrontés à une dégradation du climat, les Néandertaliens auraient fini par s’éteindre il y a environ 30.000 ans. La plupart des hommes modernes, dont nous descendons, seraient eux arrivés en Europe il y a 32.000 ans environ. Les premiers se sont peut-être installés il y a 40.000 ans. Selon les études, la période de coexistence entre les deux branches humaines varie de 2.000 à 10.000 ans.
La découverte des outils moustériens de Gorham ne suffira pas à établir une présence aussi tardive des Néandertaliens au sud de l’Europe. D’abord parce que, même si ces outils sont associés aux Néandertaliens, ils ne garantissent pas le pedigree de leurs concepteurs. Ensuite parce que les datations, surtout les plus récentes, sont incertaines. Le site de fouilles servait de four et certaines couches géologiques ont pu être contaminées par des échantillons plus récents. Seule la découverte d’un squelette permettrait de savoir de façon certaine qui occupait cette grotte.
Cécile Dumas