La découverte du plus vieux fossile de lamproie révèle que ce curieux animal au corps d’anguille et à la redoutable bouche circulaire a très peu évolué depuis le Dévonien, il y a 360 millions d’années. La seule différence majeure entre cet ancêtre et la lamproie actuelle est la taille: le fossile ne mesure que 4 cm, contre 25 à 120 cm pour les espèces actuelles. Pour le reste, l’anatomie de la lamproie est restée la même depuis 360 millions d ‘années, expliquent Michael Coates (University of Chicago, USA) et ses collègues dans la revue Nature (26 octobre).
La lamproie est un agnathe, un vertébré sans mâchoire. Il n‘existe que 60 espèces vivantes d’agnathes (les lamproies et les myxines) contre 51.000 pour les vertébrés à mâchoires, rappelle Philippe Janvier, paléontologue au Muséum d’histoire naturelle, qui commente la découverte dans Nature.
Dépourvue d’écailles et de paires de nageoires, articulée par un squelette cartilagineux, la lamproie a des caractères très primitifs. Elle est dotée d’une bouche circulaire ornée de plusieurs rangées de dents qui lui permet notamment de s’accrocher à un poisson, de gratter sa peau et de se nourrir de son sang.
Le spécimen découvert en Afrique du Sud par Rob Gess, Priscomyzon riniensis, repousse de 30 millions d’années l’âge du plus ancien fossile connu de lamproie. Il possédait déjà cette bouche circulaire et se nourrissait sans doute aux dépends d’autres créatures aquatiques. Cet agnathe est plus ancien que les poissons modernes et a survécu à plusieurs extinctions majeures, souligne Michael Coates. Comme le cœlacanthe, la lamproie mériterait donc elle aussi le surnom de ‘’fossile vivant’’.
Cécile Dumas
(27/10/06)