Des chercheurs français ont reconstitué un virus qui n’existe plus sous sa forme initiale, vieille de 5 millions d’années, mais qui subsiste en morceaux dans le génome humain. Baptisé Phœnix, comme l’animal mythique qui renaît de ses cendres, ce rétrovirus endogène humain pourrait être impliqué dans le développement de certains cancers.
Les rétrovirus sont des virus à ARN qui ont la capacité d’insérer des copies de leur génome dans l’ADN de la cellule. Des rétrovirus ont infecté certains de nos ancêtres primates il y a des millions d’années et nous ainsi ont légué des parties de leur génome. Ces rétrovirus endogènes humains, désignés par l’acronyme anglais HERV, représentent 8% de notre patrimoine génétique.
L’équipe de Thierry Heidmann (Institut Gustave-Roussy, Villejuif) s’est intéressée à l’une des familles de HERV, la HERV-K(HML2), et à partir d’une trentaine d’éléments copiés par ces rétrovirus dans notre génome ont reconstitué un rétrovirus, qu’ils ont appelé Phœnix.
Phœnix s’est révélé capable de se dupliquer et de fabriquer de nouvelles particules virales. Ces particules peuvent infecter des cellules de mammifères, même si leur virulence est faible, expliquent les chercheurs, qui publient leurs travaux dans la revue Genome Research.
Le premier rétrovirus endogène humain a été isolé en 1981 et plus de vingt familles de HERV ont depuis été identifiées. On soupçonne ces rétrovirus endogènes de participer au déclenchement ou au développement de certaines maladies, notamment des tumeurs cancéreuses ou des maladies auto-immunes. La reconstitution de Phœnix devrait aider à comprendre le rôle encore mal connu des HERV chez l’homme.
Cécile Dumas
(31/10/06)