L’idée de concocter des menus de saison ne date pas d’hier. En appliquant une nouvelle méthode d’étude de dents fossiles, des chercheurs américains et britanniques montrent qu’un de nos ancêtres, le paranthrope ou australopithèque robuste, faisait varier son alimentation au fil des mois il y a près de 2 millions d’années.
La mâchoire imposante de Paranthropus robustus lui a valu son qualificatif et une solide réputation de mangeur de plantes fibreuses et dures. Son alimentation était en réalité plus variée qu’on ne pensait, expliquent les chercheurs dans la revue Science.
L’équipe de Matt Sponheimer (University of Colorad, Boulder, USA) a étudié la composition de l’émail de molaires de quatre paranthropes retrouvés en Afrique du Sud, sur le site de Swartkrans. Toutes les plantes n’absorbant pas le CO2 de la même façon, l’analyse des isotopes de carbone des dents permet de connaître le menu de leur propriétaire. Normalement il faut forer l’émail pour obtenir un échantillon et l’analyser, ce qui abîme les précieux fossiles. L’équipe Sponheimer a évité cela grâce à la technique de l’ablation laser, qui libère le carbone en laissant l’émail presque intact.
Les chercheurs ont ainsi constaté que les paranthropes se nourrissaient d’arbres ou d’arbustes à certaines périodes de l’année, et d’herbes ou de carex, une plante de milieux humides, à d’autres périodes. On ne peut donc plus expliquer la disparition de la branche des australopithèques robustes par la faiblesse de leur régime alimentaire, expliquent Sponheimer et ses collègues.
En démontrant que l’on peut tirer beaucoup d’informations des molaires d’hominidés sans les abîmer, ces travaux pourraient inciter les conservateurs de musées à accepter des études similaires afin de mieux connaître les goûts alimentaires de nos ancêtres, espère de son côté l’anthropologue Stanley Ambrose, toujours dans Science.
Cécile Dumas
(10/11/06)