Pendant que certains tentent de reconstituer l’intégralité du génome de l’homme de Neandertal, d’autres coupent de fines tranches dans leurs molaires pour mieux les connaître. Ces dents recèlent de précieuses informations sur le développement d’un individu, à commencer par la durée de son enfance. D’après l’étude publiée aujourd’hui par la revue Nature, l’homme de Neandertal ne devenait pas plus vite adulte que l’homme moderne.
Une équipe franco-britannique dirigée par Christopher Dean (University College London, GB) a réussi pour la première fois à convaincre des conservateurs de musée de les laisser couper de fines tranches dans deux molaires néandertaliennes, retrouvées en Charente, à la Chaise de Vouthon.
Jusqu’à présent l’étude des dentitions des Néandertaliens avaient abouti à des conclusions incertaines. Certains estimaient que la maturation des hommes de Neandertal était plus rapide que celle des hommes modernes. Parvenus plus vite à l’âge de la reproduction, ils auraient pu ainsi maintenir leur population malgré des conditions climatiques difficiles.
Les stries des molaires dévoilent la croissance quotidienne de la dent, du stade fœtal à l’âge adulte. Même le stress lié à la naissance laisse une marque bien visible sur les molaires.
Dean et ses collègues du CNRS ont relevé quelques différences entre la croissance des molaires chez les Néandertaliens et chez les hommes modernes. Cependant les racines et la couronne de la dent croissent à la même vitesse chez les deux espèces humaines, qui avaient donc une enfance similaire -au moins dans la durée.
C.D.
(23/11/06)