D es archéologues ont découvert au Pérou la momie d’une jeune femme de la civilisation Moche, qui était une femme de pouvoir, peut-être une guerrière. La tombe, qui date de 450 après JC, se situe sur le site de El Brujo, au nord du Pérou, non loin de la ville de Trujillo, à côté de la pyramide de Huaca Cao Viejo. Très bien conservée, ayant échappé aux pilleurs, la tombe a livré à l’équipe d’archéologues américains et péruviens une momie enveloppée dans des centaines de mètres de coton tissé.
En déroulant l’étoffe, John Verano (Tulane University, USA) et ses collègues ont découvert que la jeune femme avait été enterrée avec des armes habituellement trouvées dans les tombes des hommes : deux massues appelées casses-têtes, et un grand nombre de propulseurs de lances. La sépulture recelait également des bijoux et des ornements finement ciselés. La culture Moche est réputée pour la qualité et l’inventivité de son artisanat. A coté de la momie gisait le squelette d’un adolescent, sacrifié pour accompagner la jeune femme. Elle appartenait à une classe sociale élevée.
Les archéologues se demandent si les armes ont été placées là pour symboliser son pouvoir ou s’il s’agissait vraiment d’une guerrière.
Sous les mètres de tissu une autre surprise attendait les chercheurs : la jeune femme était tatouée sur les bras, les jambes et les pieds. Les dessins, tantôt géométriques tantôt représentant des animaux mythiques, ont sans doute été réalisés avec des pigments de charbon insérés sous la peau grâce à des aiguilles de cactus.
La civilisation Moche –ou mochica- est apparue au IIème siècle au Nord du Pérou et a mystérieusement disparu au VIIIème siècle. Sur les pyramides de la Huaca de la Lune et de la Huaca del Sol les Mochicas pratiquaient le rituel du sacrifice humain. Cette civilisation pré-inca est également célèbre pour la richesse de ses représentations, comme en témoignent les mosaïques ou les poteries retrouvées dans les sables de la côte péruvienne.
Mise au jour l’année dernière, la momie Moche d’El Brujo est présentée dans le numéro de juin du magazine National Geographic.
Cécile Dumas
(17/05/06)