La mise au jour d'une "exceptionnelle" nécropole gallo-romaine près d'Amélie-les-Bains (Pyrénées-Orientales) a révélé la semaine passée des quantités d'informations importantes, mais aussi les difficultés, notamment budgétaires, de l'Institut national de recherches archéologiques préventives (INRAP).
Un futur lotissement, situé sous une falaise, sur une pente douce en bordure du fleuve Tech, s'est révélé une mine de renseignements préservés d'une manière rare.
"Les sédiments, peut-être un glissement de terrain, ont formé comme un édredon qui a protégé ce site habité entre le IVe et VIe siècle de notre ère", explique Annie Pezin, qui dirige l'équipe de spécialistes.
"Cette épaisseur de terre a préservé tout l'environnement d'une nécropole qui contient une cinquantaine de tombes, des adultes enterrés plus profondément dans des coffres faits de pierres, des nourrissons plus superficiellement inhumés dans des amphores découpées en forme de berceau funéraire", poursuit-elle.
"Cela fait un mois que nous travaillons, privilégiant le monde des morts à celui des vivants, car il est plus riche d'enseignements, mais il y a là également une forge, qui peut-être fabriquait outils ou clous de fer pour la ville thermale romaine d'Aquae Calidae (Amélie)", explique l'archéologue.
"En tout état de cause nous n'avons fait qu'égratigner le site, et nous sommes au désespoir de ne pouvoir mener à terme des fouilles qui prendraient de l'ordre d'un mois de plus. Les dotations font défaut et nous devrons sans doute arrêter jeudi ", remarque-t-elle.
La direction de l'Inrap, alertée dès les premiers jours de fouilles de l'intérêt exceptionnel des vestiges, cherche les moyens nécessaires pour terminer le travail.
Dans l'équipe de six spécialistes qui grillent sous le soleil de plomb, les instruments de chirurgie dentaire en main pour dégager minutieusement des squelettes vieux de 1500 ans, la passion prend le dessus sur les difficultés. "Les études en laboratoire permettront de dégager peut-être des filiations, des pathologies", explique Richard, archéo-anthropologue.
Un peu plus loin un géo-archéologue, Patrice, tente de dégager les lignes de force de l'action de l'homme gallo-romain et de son occupation du sol sur le paysage, sur l'érosion.
"Il nous reste quelques jours de fouilles, mais qui doivent être consacrés à une hutte de l'âge de bronze (IXe siècle avant J.C.), sur un autre budget. Elle est aussi bien conservée que les vestiges gallo-romains, par la même gangue de colluvions", ajoute Mme Pezin. Du coup le champ de recherches couvre quelque 15 siècles d'histoire.
(Source : AFP - Perpignan)