La Sierra Nevada de Californie, la plus haute chaîne de montagne aux Etats-Unis, est une vieille dame cachottière. Elle ne veut pas dire son âge et les géologues se disputent autour de deux hypothèses très différentes: pour certains la Sierra Nevada s’est élevée à son niveau actuel il y a 3 à 5 millions d’années, pour d’autres cela remontent à 40 à 60 millions d’années.
L’équipe d’Andreas Mulch, géochimiste à l’Université de Stanford, affirme aujourd’hui dans la revue Science que la seconde hypothèse serait la bonne. Pour dater les roches de la Sierra qui traverse le parc de Yosemite, Mulch et ses collègues se sont appuyés sur l’analyse isotopique des gouttes d’eau conservées dans les argiles et les sédiments de la Sierra. L’eau n’a pas la même composition en isotopes d’hydrogène en fonction de l’élévation : plus l’eau tombe en altitude, moins elle contient d’isotopes lourds.
Les chercheurs n’ont pas eu besoin de creuser pour mettre à jour des roches datant de l’Eocène (40 à 50 millions d’années). Les chercheurs d’or du XIXème siècle l’avaient fait pour eux. Ils utilisaient de puissants canons à eau pour arracher de grandes quantités de roches le long des rivières de la Sierra Nevada.
En comparant la composition isotopiques des sédiments de l’Eocène avec celle de sédiments récents, les géochimistes ont constaté une très grande similitude. Il semble donc qu’il y a au moins 40 millions d’années la Sierra Nevada avait déjà atteint ses hauteurs actuelles.
Cécile Dumas
(07/07/06)