Une équipe franco-américaine vient de se lancer dans l’aventure du décryptage du génome de l’homme de Néandertal. Si elles aboutissent ces recherches, qui devraient durer au moins deux ans, pourraient éclairer certains pans de l’histoire évolutionnaire de l’Homme.
L’homme de Néandertal vivait sur un territoire couvrant l’Europe et une bonne de l’Asie occidentale. Les fossiles les plus anciens ont 300 000 ans et on estime que les néandertaliens ont disparu d'Europe il y a 50.000 ans, et d'Asie il y a 30.000 ans. Ce qui fait qu’ils ont du cohabiter avec Homo sapiens notre ancêtre direct. D’ailleurs certains auteurs considèrent Néandertal comme une sous espèce de l’Homo sapiens, actuellement la majorité des paléontologues préfèrent parler de deux espèces différentes.
Malgré la relative sophistication qui leur est prêtée, on a dit les hommes de Neandertal dépourvus des fonctions de raisonnement supérieures des humains. Il reste encore des points d'interrogation sur la manière dont les humains modernes ont évolué à partir de ces espèces, acquérant leurs traits essentiels tels que la marche verticale et le développement d'un langage complexe.
L’analyse du code génétique de Néandertal devrait livrer quelques réponses mais reconstituer les trois milliards de bases caractérisant son génome n’est pas une tache aisée. Le défi serait déjà complexe avec une espèce vivante, il l’est à plus forte raison lorsqu’il s’agit d’une lignée éteinte. En effet, les fossiles utilisés sont généralement contaminés par du matériel génétique provenant des bactéries et des gens qui les ont manipulés. Le professeur Svante Paabo, de l'institut Max Planck, qui conduira les recherches, a réalisé quelques grandes avancées en ce domaine. Au cours des vingt dernières années, il a mis au point des méthodes permettant de démontrer l'authenticité de résultats d'ADN ancien, ainsi que des solutions techniques aux problèmes que pose le travail sur de courts fragments d'ADN chimiquement altérés. En 1997, il fut le premier à séquencer l'ADN mitochondrial (ADNmt), une petite boucle d'ADN que l'on trouve dans les mitochondries - les usines d'énergie de la cellule - appartenant à un fossile de Neandertal.
L’homme de Néandertal a disparu il y a un peu moins de trente mille ans, contrairement à d’autres espèces cette disparition a été progressive mis n’en reste pas moins inexpliqué. Plusieurs hypothèses tentent d’apporter une solution : épidémie introduite par l’homme moderne, spéciation par distance, métissage avec les hommes modernes…Le décryptage du génome de Néandertal permettra certainement d’apporter quelques réponses.
Joël IGNASSE
28/07/06