Pour que la vie se développe et se diversifie dans les océans, il a d’abord fallu que la température du bain diminue. En effet, il y a entre 2 et 3,5 milliards d’années, les températures moyennes des océans sur Terre était comprise entre 60°C et 80°C, selon une étude française publiée aujourd’hui dans la revue Nature. Etude qui confirme une hypothèse controversée depuis 30 ans.
Reconstituer la température des océans à l’ère précambrienne n’est pas une mince affaire. Les premiers sédiments océaniques bien conservés datent de 3,5 milliards d’années, expliquent Marc Chaussidon (CRPG/CNRS) et François Robert (MNHN). En analysant les compositions en isotopes d’oxygène et de silicium dans des cherts, des roches sédimentaires très proches du silex, ces deux chercheurs ont pu prendre la température des océans précambriens.
Les premiers travaux menés dans les années 70, basés sur les isotopes d’oxygène, avaient suggéré que les océans d’alors étaient très chauds. Ces résultats avaient été accueillis froidement. On sait en effet qu’il y a 4 milliards d’années le Soleil était moins brillant qu’aujourd’hui, ce qui laisse imaginer qu’il faisait frisquet sur la planète Terre.
Chaussidon et Robert ont comparé les isotopes d’oxygène et de silicium dans les cherts, sachant que le silicium résiste mieux aux altérations subies par le silex. Leurs résultats confirment que l’océan était un bain très chaud il y a 3,5 milliards d’années et qu’il s’est progressivement refroidi, jusqu’à 30°C il y a 800 millions d’années.
Ce rafraîchissement était salutaire pour les organismes vivants qui commençaient à peupler les océans. En effet plus la température est élevée moins l’oxygène se dissout dans l’eau. Or les êtres complexes multicellulaires avaient besoin de cet oxygène pour se développer.
Cécile Dumas