L’évolution ne se mesure pas toujours en termes d’ères ou de siècles. Parfois, quelques mois suffisent à une espèce pour faire évoluer son anatomie et augmenter ses chances de survie. En témoigne l’anolis brun, un petit lézard des Bahamas qui fait varier la taille de ses pattes lorsqu’un prédateur envahit son espace vital.
L’équipe de Jonathan Losos (Washington University, St Louis, USA) a introduit un prédateur (Leiocephalus carinatus), un lézard mangeur de lézards, dans six petites îles des Bahamas où vivent les anolis (Anolis sagrei). Ces prédateurs s’introduisent régulièrement sur ces minuscules récifs de quelques centaines de mètres carrés. A l’inverse, les chercheurs ont surveillé six autres îlots pour que le L. carinatus ne s’y aventure pas.
Conformément aux prédictions des chercheurs, les six premiers mois ce sont les lézards aux longues pattes arrière, ceux qui se déplacent le plus vite, qui ont le mieux survécu à l’arrivée du prédateur. Au cours des six mois suivant, la tendance évolutive s’est inversée : les survivants étaient les lézards aux pattes arrière plus courtes, capables de grimper aux arbustes pour échapper au prédateur qui, lui, reste au sol.
Ainsi, au bout d’un an, sur les îles restées intactes 60% des anolis grimpaient aux arbres contre 90% sur les îles où le prédateur avait été introduit. Une seule génération de lézards a dont été suffisante pour s’adapter, soulignent Losos et ses collègues, qui publient aujourd’hui leurs travaux dans la revue Science.
C.D.
(17/11/06)